vendredi 20 juin 2008

Un hiver aux Bermudes

Que va-t-on trouver aux Bermudes ? Aucune idée. Si : on va y trouver refuge. Après 6 jours de traversée, le mauvais temps est au rendez-vous comme l’annonçaient les cartes météo. Et nous allons vite apprendre que le mauvais temps aux Bermudes, il est vraiment, mais alors vraiment très mauvais !
Nous arrivons donc juste à temps. Frédéric, en pleine forme, s’offre une remontée du chenal au près en tirant des bords par force 7. Dommage ! c’était pas à Dockyard qu’on nous attendait. Il aurait fallu s’arrêter bien avant, dans la bonne ville de Saint Georges, pour s’acquitter des 75 dollars de frais de douane. Aux Bermudes, on n’exige aucune prouesse d’aucune sorte de l’étranger. On ne lui demande qu’une chose : payer. Donc, retour à Saint Georges, et sans le vent en plus qui a choisi de se calmer au moment où il devait nous porter. La scoumoune quoi !
Le premier jour est plutôt agréable. La ville de Saint-Georges, patrimoine mondial de l’Unesco, est une cité historique cossue et charmante. On y parle anglais bien sûr (les Bermudes sont un confetti de Grande-Bretagne) et, bien sûr, on y boit de la bière. De vieux British aux tempes blanches déambulent en bermuda bleu marine et chaussettes blanches grimpant sous le genou (flash érotique à peine soutenable). Tout autour de la ville (et d’ailleurs tout autour de tout) d’immenses étendues d’herbe grasse attendent le golfeur et sa voiturette (des fois qu’il faudrait mouiller le polo).
On ne se baigne pas longtemps aux Bermudes. Très vite, la 101e dépression du mois rapplique. Tout le monde aux abris. Pluie, froid et vent violent rattrapent l’archipel qui a décidément bien du mal à nous faire profiter de son charme (certain).
Nous passons deux jours au mouillage, enfermés dans le bateau, heureux d’être à l’abri malgré tout. Les rafales sont si fortes que l’ancre dérape sans arrêt. Impossible d’aller à terre : l’annexe se ferait balayer comme une feuille. On en profite pour faire l’école. On sort les pulls, les chaussettes, les bonnets, les cirés. On a froid, et on craint de déraper une fois encore. Fréd décide d’empenneler : avec deux ancres, Yallingup ne devrait plus bouger. Et, en effet, il se stabilise.
Comme il est hors de question de reprendre la mer, on décide d’aller en bus à la capitale, à Hamilton. Il faut acheter du matos pour le bateau : une nouvelle balancine et de quoi refaire l’étanchéité de la fameuse cadène qui laisse toujours passer un peu d’eau. Shopping, donc, et balade le long d’une ancienne voie ferrée reconvertie en sentier de randonnée. Il y a bien longtemps que le train a rendu l’âme aux Bermudes.
Au bout de 5 jours, nous remontons le mouillage pour nous mettre à quai. Nous sommes seuls Français au milieu d’une flopée d’Américains et de Canadiens qui attendent depuis des jours de pouvoir repartir at home. Valse des équipiers qui, voyant le temps, lâchent les skippeurs et décident de rentrer en avion. Ambiance assez tendue d’autant que chaque jour qui passe perfore le budget. Tout est hors de prix : le pain, la viande, l’eau (plus de 2 dollars la bouteille), 4 dollars les 4 oranges, le bus et on ne parle même pas des restos (pourrait-on seulement s’offrir une salade verte ?)…. Et d’ailleurs, qui parle d’orange ou de salade ? Tout est en plastique, directement importé de… Californie !
Une nouvelle dépression s’écrase sur les Bermudes : Fred court chercher des pneus à la station service pour protéger le bateau qui menace de marteler le quai. Notre voisin Américain a le yeux rivés sur son anémomètre : il enregistre des rafales à plus de 59 nœuds (110 km/heure). Que faire ? Il y a si peu d’ambiance et tout est tellement cher ! Finalement, une petite fenêtre météo s’entrouvre : si l’on part le dimanche matin dès le lever du jour, on peut éviter le nouveau front froid qui s’apprête à quitter la Floride en direction du Triangle. Le vendredi soir, trois équipages français sont à bord de Yallingup, prêts à foncer tête la première vers les Açores le jour J.
Plus une seconde à perdre : Pablo et moi partons en mini-bus faire les courses au supermarché (mine de rien, on part quand même pour une transat…) tandis que le reste de la troupe reste à bord du bateau qu’il est impossible d’abandonner tant il fait mauvais temps.
Dernière soirée sous la pluie à Saint Georges. Dans la nuit du samedi au dimanche, le vent faiblit. Le dimanche matin, le port de Saint Georges ressemble à un lac alangui sous un ciel enfin bleu. On lève l’ancre et on se tire très, très vite, le vent dans le dos. Sur le quai, les Américains nous saluent, amers. Eux sont encore là pour au moins 4 jours (vent dans le nez oblige) « We envie you so much !». Dernières paroles entendues avant les 2 semaines de navigation qui s’annoncent.
Cette année, notre hiver aura duré 10 jours.

Entre Bahamas et Bermudes, la mer des Sargasses, pleine... de sargasses

Matin câlin

Matin marin

Les Bermudes, nous voilà !

Ouf, arrivée à Saint-Georges, pile poil avant la tempête

Quand il fait beau, les Bermudes, c'est très beau

... et la mer est d'un bleu si joli derrière la barrière de corail

Des golfs, encore des golfs...

Mes 11 ans aux Bermudes

Aucun commentaire: