jeudi 27 mars 2008

Yan Emilie, nos petits amis

Après les Tobago, cap sur l’une des îles les plus au sud des Grenadines, Cariacou. Mouillage à Tyrel Bay le samedi 1er mars, une anse très abritée avec une ambiance carrément sympa. Il faut dire qu’à cette latitude-là, les Antilles commencent à retrouver une certaine humanité. Les vedettes sont restées loin derrière en Martinique et les bateaux de location ne se hasardent guère plus bas… Ne reste plus que les bateaux de pêcheurs et les voiliers de voyage comme le notre, flanqués de leurs panneaux solaires, de leur éolienne et de leur brochette de linge humide. Les plus puristes ont même un optimist en guise d’annexe, ce qui donne lieu à un ballet de petits bateaux à voile qui zigzaguent en silence dans la baie. Nous-mêmes avons rendez-vous avec notre opti préféré, le Garfield de nos copains du Yann Emilie. François, Clarisse et leurs enfants, Thomas, Raphaël et Hélène arrivent de Guyane via le Sénégal et le Brésil. Ils vont remonter l’arc antillais jusqu’au nord avant de rallier les Açores.
Le soir de leur arrivée, nous nous tombons dans les bras. Depuis la Gomera aux Canaries, où nos chemins se sont séparés, nous nous lançons des mails pour tenter de croiser nos routes. Et là, ça y est, c’est un peu un miracle : nous sommes tous les dix sur Yallingup. Les enfants fous de joie de se retrouver, et les adultes tout aussi heureux. Pendant 5 jours, nous allons vivre collés serrés. Ils nous racontent la misère de l’Afrique, les splendeurs de la Guyane… Nous leur racontons le cap Vert, la Martinique, les Tobago… Petit déj aux blinis, soirée barbecue, apéro Caïpirina. On ouvre le foie gras de Toulon (miam), François débouche du champagne de Californie, on ose une crêpe party à 10 heures du soir, arrosé de cidre brésilien (aïe) et Hélène a même droit à sa méga boîte de raviolis directement importée de Martinique. Pablo et Thom passent leurs journées sur l’optimist, tandis que Tiphaine et Raph se lancent des messages codés à grands coups de hiéroglyphes (…). Hélène et Corentin, eux, playmobilent et peinturlurent à fond… se couchant chaque jour un peu plus tard.
Mais ça bûche dur quand même : après des heures d’acharnement, François parvient à nous capter les cartes météo à partir des ondes BLU. C’est tout simplement magique ! Et Clarisse, qui est une maîtresse avant d’être une plagiste caïpirinisée, offre à Pablo et Tiphaine une matinée de vraie école avec la patience, la méthode, l’expérience d’une vraie pro.
Le soir des au-revoir n’est pas facile, mais rendez-vous est pris pour se retrouver en mai aux Açores.
« Yann Emilie, mes petits amis », comme le dit Corentin…

Le Yann Emilie tant attendu


C'est bon de retrouver les copains...


Des heures entières sur l'opti


Les capitaines se font la malle


François, Clarisse, Thomas et Pablo


Ahhh, une caïpi... comme là-bas !

Copain copain


Les Grenadines, le flash turquoise


Au sud de la Martinique, les Grenadines, c’est un chapelet d’îles toute plus belles les unes que les autres. Nous avons passé des dizaines d’heures à lire le guide qui leur est consacré. Quand nous étions à Toulouse à remuer ciel et terre pour partir ; entre Gibraltar et Madère au milieu des seaux de vomi, au Cap-Vert, dans les bourrasques, au 2e, au 8e, au 10e au 14e jour de la traversée…., les photos ensorcelantes des Grenadines nous ont toujours suivis, et même précédés. C’est elles qui nous ont portés jusque là. Nous leur devons tant de rêve, et aussi peut-être tant de folie !
C’est donc avec émotion que nous entamons la descente de l’archipel avec un premier mouillage adorable à Petit Nevis, un îlot au sud de Bequia (prononcez Békoué), qui a longtemps été le repaire des baleiniers. Dans la broussaille, de très grandes marmites de fonte sont encore là, témoins des gigantesques dépeçages qui ont marqué le lieu.
Le lendemain 28 février, nous poursuivons notre route. Les enfants adorent ces petites navigations à la journée où une île succède à une autre et où le vent nous pousse comme sur des roulettes. Malheureusement, faute de temps, nous sautons beaucoup d’étapes pour aller directement à l’essentiel, le clou du spectacle : les Tobago Cays. Les Tobago Caisse (comme dit Corentin avec son redoutable accent anglais), ce sont quatre îlots désertiques, plats comme la main et bordés par deux grandes barrières de corail. Quand nous rentrons dans ce sanctuaire, malgré la trentaine de bateaux déjà présents, c’est le flash. Des eaux claires, nos yeux en boivent depuis quelques mois maintenant. Mais claire à ce point, jamais. C’est du plus pur que pur, du plus beau que beau. Il y a quelque chose de religieux, presque de mystique dans tant de transparence. De quoi l’homme peut-il douter ici ? De quoi peut-il avoir peur ? Que peut-il lui manquer ? Et puis, il y a ces petits îlots tout droit sortis de VSD. Des perles posées sur un plateau turquoise avec du sable si fin qu’on dirait de la farine. Au petit matin, nous débarquons sur Jamesby, l’un de ces paradis . Nous sommes seuls comme des Robinson. Alors, on court, on monte aux cocotiers, on plonge, on ressort, on se couche dans le sable chaud, on replonge.. On essaie du mieux qu’on peut d’embrasser tant de beauté. Car c’est une évidence : on est vraiment dans l’un des plus beaux endroits du monde. Et, ce qui se passe dans le monde du dessous est tout aussi éprouvant pour le cœur. Nous faisons nos premières plongées inoubliables, nos premiers snorkeling comme on dit maintenant parce qu’on est branché : un masque, des palmes et un tuba dans l’univers enchanteur du reef, la barrière de corail. Des poissons de toutes les couleurs défilent sous nos yeux, rentrent et sortent des tombants rocheux ou s’échappent des gorgones qui balancent langoureusement leurs feuilles. C’est plus qu’un aquarium : un vrai jardin sous-marin à deux ou trois mètres de la surface de l’eau.
Nous adorons cette escale d’autant plus qu’on nous avait annoncé quelques 200 bateaux au mouillage. Or, nous ne sommes « qu’une » trentaine, ce qui laisse beaucoup de place pour se pâmer. Mais c’est vrai que le vent souffle fort (les Alizés sont musclés cette année) et même nous, les accros-fondus du snorkeling on the reef, nous battons en retraite au bout de deux jours. Les yeux encore tout éblouis.


Escale à Petit Navis

A l'assaut des cocotiers

Jamesby Tobago Cays mars 2008

Bienvenue aux Tobago

Alors Fred, un petit snorkeling sur le reef...


Sur Baradal au soleil couchant


Mais où sont encore passées les pinces à linge...


Saline Island au sud de Cariacou


La fournée du jour