samedi 28 juin 2008

Du 10 au 16 juin - Sao Miguel : ça bouillonne !

Triste départ de Faial

Nous appareillons le jour même où nos copains du Yann Emilie doivent arriver. C’est notre faute. On s’est mélangé les pinceaux dans la date de rendez-vous qu’on s’était fixée il y a plus de trois mois aux Grenadines. Il nous faut pourtant lever l’ancre car le vent tourne. Si nous ne partons pas ce jour même, nous devrons rester à Faial une semaine de plus, et ne verrons rien d’autre des Açores. Or, l’archipel et ses 9 îles mérite plus qu’une seule escale à Faial.
Cap donc sur Sao Miguel, la plus grande île des Açores. 40 heures de navigation au près plus tard (merci au Captain qui nous avait assuré qu’on en aurait pour 24 heures maximum), nous voilà à Ponta Delgada, la capitale. Modeste port en pleine mutation : ici, comme dans tant d’endroits parcourus, on construit une marina énorme (il y a tant d’argent à tirer de tous ces bateaux qui ne naviguent jamais…) et d’affreuses barres d’immeubles pour touristes de masse (selon l’expression favorite de Tiphaine) se dressent sans scrupule entre la mer et la vieille-ville.
Bien plus que Horta, port romanesque hors du temps, Ponta Delgada nous replonge au cœur d’une Europe quittée il y a 8 mois. Bonheur d’une douche chaude, d’un pain qui croustille, de pommes, de poires, de fraises, d’une monnaie familière, de pâtisseries belles comme des œuvres d’art… Mais tant de richesse nous déconcertent aussi : toutes ces voitures, et ces chauffards et ces bouchons ; ces supermarchés débordant de mille produits déclinés sous mille marques… Et tous ces gens repliés dans leur bulle qui oublient de sourire, qui tracent droit, qui ne s’assied jamais sur le pas de leur porte.

Sao Miguel : chaud devant
Nous nous échappons vite fait de Ponta Delgada, louant une voiture plusieurs jours pour partir à la découverte de l’île. Le mauvais temps qui nous a fait quitter Faial nous rattrape, mais l’île est superbe même sous une pluie battante.
Après pas mal de tâtonnements (rien n’est vraiment prévu ici pour accueillir des voyageurs sans car climatisé ni guide bilingue), nous nous fixons finalement à Fournas, petite ville thermale à l’est de l’île. Accueil plutôst distant de nos logeurs (mais bon, il faut s’y faire : on n’est plus en Rép Dom ni à Cuba). Le plus important est d’avoir trouvé un toit car le temps empire d’heure en heure. Et le toit en question est local de chez local : briqué nickel-chrome à la portugaise, et peuplé d’une colonie de Sainte-Marie, de Joseph et de petits Jésus nichés jusque dans les horloges et les calendriers.
Pour plusieurs raisons, nous apprécions beaucoup cette étape à Fournas. D’abord, Fred et Pablo s’offrent une rando digne d’une préparation militaire au Pico da Vara, sous la flotte et dans la boue jusqu’aux genoux. Un petit Vietnam, idéal pour se refaire le mollet et rentrer, une banane grande comme ça, sûrs de n’avoir rien vu mais fiers de l’avoir fait.
Et puis, ici comme en beaucoup d’endroits aux Açores, nous sommes les enfants des volcans. Quel bonheur de pouvoir se plonger (sous la pluie, toujours) dans l’eau presque bouillante de l’immense bassin à ciel ouvert de Furnas ! Pour nous qui n’avons pas pris de bain depuis des mois, c’est un régal, et la plus sûre façon d’éprouver le bouillonnement tellurique formidable qui se joue sous nos pieds. Mieux encore : nous découvrons le cozido nas caldeiras, un plat typique du coin cuit 4 heures durant dans les entrailles de la terre grâce aux vapeurs d’eau chaude. Une sorte de pôtée, ou mieux de bakenhof alsacien avec force viande, choux, carottes, patates et saucisses fumées. Sympa, le restaurateur du O Miroma nous embarque même dans sa voiture jusqu’au lieu de cuisson pour assister au déterrage de la marmite. C’est vraiment magique. En plus, c’est tout simplement délicieux, et si chaud par ces temps si humides !
Le reste de notre excursion dans Sao Miguel se passe dans l’ouest de l’île, autour de Sete Cidades. Une région splendide où deux lacs, l’un vert et l’autre bleu, ont pris demeure dans le cratère. Balade sur la crête où nous renouons avec des paysages de montagne bien de chez nous : herbe grasse et vaches grasses, petits sentiers bordés de mousse, de laurier, de bruyère, de cèdres et de genévriers. De jeunes fermières font goûter du lait chaud à Tiphaine, tandis que Pablo se fait courser par des chiens de berger. Tout autour de nous, et partout, des centaines d’hortensias du mauve foncé au rose le plus tendre font péter leurs bouquets. Pas de doute : l’Europe se rapproche à grands pas.

Des hortensias par milliers

Mal poli ce volcan...

... il crache un peu partout !

La récompense, c'est la source chaude

... et aussi le cozido

Il suffit de laisser mijoter 5 heures sous terre...

Puis, on déterre la gamelle...

... et on se régale. Magique !

Non, Tony n'est pas mort. Il est juste en train de mitonner son cozido

Rando Pablo + Fréd au pico da Vara (dur dur)

Vaincre les tempêtes, même sur la terre ferme. Le pied !

Balade champêtre à Sete Cidades

Dans le volcan, le lago azul et le lago verde sommeillent

Cliché tellement exotique pour nous !

En plus, on a droit au lait chaud pour le goûter !

Autre surprise de Sao Miguel, des plantations de thé


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