vendredi 20 juin 2008

29 avril - 30 avril : adieu Cuba ou le dur retour à la mer

Après 10 jours de balade dans Cuba, nous rentrons à la maison. Yallingup, mieux gardé que le Pape dans la marina de Puerto Vita. L’endroit est toujours infectée de moustiques et de moucherons piqueurs. En plus, c’est la canicule. Une chaleur à crever et pas un souffle d’air. Ici aussi l’été s’installe.
Apache est arrivé : les enfants sautent de joie à l’idée de revoir les 5 enfants de ce voilier que nous croisons depuis Madère sans jamais disposer d’un moment pour faire plus ample connaissance. Nous avons envisagé de faire route ensemble jusqu’aux Bermudes. Malheureusement, les Apaches sont, eux aussi, partis visiter Cuba. Peut être décideront-ils, comme nous, de prolonger leur périple de plusieurs jours ? Dans l’incertitude, et vu l’inconfort de cette marina, nous saisissons une fenêtre météo plutôt favorable pour larguer les amarres.
Les retrouvailles avec à la mer sont rudes. Durant nos 15 jours à Cuba, nous avons complètement décroché d’avec la voile, le vent, les vagues et autres roulis-boulguas… La rupture est d’autant plus forte que l’île, du moins ce que nous en avons vu, tourne le dos à la mer. Pas vu l’ombre d’un chalutier ou d’une barque digne de ce nom. Trop de Cubains ont tenté de toucher le sol américain en s’embarquant sur des bateaux de pêche. Pour enrayer le phénomène, il semble que le gouvernement inflige une grosse amende aux pêcheurs à qui on vole le bateau. Rien de tel pour réduire la flotte de pêche à une peau de chagrin. Finalement, on part sans trop savoir si le peuple cubain soutient son dirigeant. Mais les poissons cubains, eux, sont à fond révolutionnaires, ça s’est sûr !
Première navigation difficile, donc. Non que la mer soit forte. Elle le sera, mais plus tard. C’est plutôt nous qui avons le moral en berne. D’abord parce que nous quittons Cuba, c’est-à-dire un monde. Pays si différent des autres, si étranger à ce qui forge notre payage quotidien : pays sans voiture, sans téléphone portable, sans pub, sans ADSL, sans Coca Cola, sans habit de marque, sans riches, sans pauvres… Pays inclassable : riche parmi les pauvres, pauvre parmi les riches.
Mais au-delà de Cuba, ce sont les Caraïbes que nous quittons. Ce territoire contrasté, toujours beau qui nous a hébergés pendant plus de 4 mois, nous a abreuvés de soleil, nous a nourris de fruits merveilleux (ah, les pamplemousses de Dominique ! les mangues de sainte-Lucie et de Cuba ! les noix de coco des Testigos. Ah les ananas de République dominicaine !)… Fini les punchs, et les planteurs, et les langoustes, les cocotiers, les poissons perroquets, le corail éclatant, le sable brûlant, si blanc, si bon.
Toutes ces images tourbillonnent dans nos têtes. Tiphaine, qui a sans doute eu très chaud à la marina, est secouée toute la nuit par une crise de vomissements (14, elle les a comptés et comble ainsi l’écart sérieux qui la tenait loin de ses frères). Pour couronner le tout, nous devons bientôt avancer au près, allure aussi confortable que la marche sur un pied. Des tonnes d’eau s’abattent sur le pont, l’avant du bateau n’arrête pas de taper… Et en plus, impossible de lever le pied si l’on veut arriver à destination avant la nuit : 80 milles à faire en 12 heures, c’est juste, mais Yallingup qui, lui, aime bien le près-bon plein, y arrivera.

Marina de Puerto Vita. Yallingup et Apache

Un beau thon jaune pour nous remonter le moral

Une bonne douche pour se rafraichir les idées

Et toujours des bateaux... pour se souvenir

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