vendredi 23 novembre 2007

La Gomera : une Canarie bien jolie

Beaucoup de baignade dans une eau (enfin) franchement chaude, des mouillages magnifiques dans des petites criques isolées de tout, de nouvelles rencontres super sympas, notamment Camille et Manu sur Shadok. Pour ceux qui ne les connaissent pas, Camille excelle à l’accordéon et son homme à la canne à pêche. Manu est le dieu des enfants depuis qu’il nous a livré un petit requin et le lendemain un barracuda. Depuis, on se promène en annexe en tirant nos lignes de pêche le long des golfes clairs. Des kilomètres de teuf-teuf pour sortir hors de l’eau des petits jouets plein d’arrêtes dont la chair colle aux dents. Manu, au secours !

Une pêche miraculeuse

Un requin cadeau de Manu

Un barracuda (encore) cadeau de Manu

Un p'tit air d'accordéon cadeau de Camille

Le fameux Manu et la fameuse Camille

Malgré ces pathétiques tentatives de pêche au gros, l’île de la Gomera est donc une très bonne surprise dans cet océan touristico-industriel que sont les Canaries. Ici, tout est calme, entièrement soumis aux énormes et majestueuses falaises sur lesquelles butent chacun de nos regards. Depuis dix jours, ces à-pics monumentaux nous écrasent autant qu’ils nous protègent. Mais l’heure de s’arracher à ce très beau décors a sonné. Les coffres du bateau sont plein à craquer : des kilos de pâtes, des litres d’eau, des bouteilles de gaz, des kilomètres de PQ et assez de patchs anti-nausées pour retapisser le carré… Nous sommes parés pour le cap Vert et ses petits hommes noirs : direction, sans doute, les îles de Santa Antao, Sao Nicolao, Fogo ou Brava. Jean-Claude, un skipper de choc, qui est amarré juste à côté de nous au port de la Gomera et qui amène avec lui 8 ados, nous a dit le plus grand bien de ces îles perdues et pauvres au milieu de l’Atlantique. On va essayer de s’accrocher à son sillage. On vous racontera.

Avec les copains du Yann Emlie

Thomas et Pablo se préparent pour la traversée

Les Clés se lisent jusqu'aux Canaries

Valle Gran Rey

La Gomera c'est déjà l'Afrique


Mouillage devant les bananeraies de Hermigua

Le Teide (le plus haut d'Espagne)




jeudi 15 novembre 2007

Le jour où nous sommes devenus des super-héros

Bon. Tout était prêt pour faire une petite virée à Grande Canaria où nous devions rejoindre l’équipage de Yann-Emilie avant de revenir à Tenerife terminer nos réparations et faire nos dernières courses. Mais, décidément, impossible de s’arracher de Santa Cruz. A peine sortis du port, un voilier nous informe qu’un bateau est contre les rochers un peu plus loin. Il appelle à l’aide. Lui, personnellement, ne peut rien faire. Il a essayé de porter assistance mais sans succès. Il nous refile le bébé. N’écoutant que notre courage, nous nous approchons du pauvre bateau qui est tombé en panne sèche de moteur en entrant dans la rade et qui se retrouve balayé par le vent sur la digue. La femme est sur le pont, une amarre à la main, visiblement pas au mieux de sa forme. Son mari est dans l’eau repoussant tant bien que mal son bateau en poussant des cris d’ours pour se donner de la force.
Je prends la barre tandis que Fred et Pablo montent dans l’annexe qui reste reliée à Yallingup. Heureusement, le vent est faible et il y a du fond. Nous nous approchons au plus près du voilier, tandis que Fred et Pablo rament comme des fous pour récupérer l’amarre que leur jette la naufragée. Manœuvre réussie. Marche avant toute. Nous voilà de retour au port, tirant derrière nous le bateau secouru. Accueil en fanfare pour les héros du jour. Pablo a les larmes aux yeux : fierté et peur mêlées. Tiphaine et Corentin jubilent : « on a sauvé des gens !! » Le couple, lui, nous remercie, mais sans plus d’égard, préférant concentrer sa colère sur l’équipage qui l’a laissé tombé. Que nous soyons revenus au port (il est bien trop tard pour prendre la mer) ne les étonne pas plus que ça. Croisés par hasard sur le ponton, Monsieur et Madame nous invitent plusieurs jours après à un petit apéro de circonstance. Ne sachant comment contenir sa reconnaissance, Madame nous fait don d’un jeton pour le sèche-linge du lavomatique.

Phase d'approche

Phase de décoinçage

Phase finale

Santa Cuz de Tenerife : une drôle d’escale

Au début, ce devait être une escale. Sous-entendu une pause courte et expédiée avant de rejoindre d’autres îles canariennes disons plus humaines. Et puis, nous voilà plantés là depuis 6 jours, pris en sandwich entre un mur d’immeubles, une voie rapide et des alignements interminables de bagnoles attendant d’être enfournées dans les ferries à touche-touche de la gare maritime. J’allais oublié un autre mur : celui des poubelles où Fréd a trouvé toutes les cartes des Canaries plus un porte-savon qui fait la moitié de notre lavabo, Pablo une superbe attaché-case gris métallisé de première nécessité, nos copains de Morgane, une chaîne de 50 mètres, de superbes cartons pour préparer les décos de Noël, notre copain Jacques, une bouée de sauvetage… Bref, une marina de premier choix au top-ten des poubelles de riches.

N’importe quel navigateur rencontré au port a des problèmes de bateau. C’est une constante. Une sorte d’accréditation, voire d’honneur. Le voilier sans problème est lourdement suspect. Pour notre part, pas d’inquiétude de ce côté-là : vérin hydraulique du pilote automatique qui fuit, drosses de barre à changer, accroc dans la grand-voile à faire recoudre, annexe qui prend l’eau, sous-barbe à refaire(*)… Fréd a fait connaissance avec tous les Shipchandlers, les voiliers et les mécanos de Tenerife. Escale lourdement technique donc, mais qui se révèle bizarrement de plus en plus sympa car la pantallan (ponton) n°5 où nous avons pris demeure forme une sorte de communauté à forte dominante française (c’est fou le nombre de Français qui larguent les amarres en ce moment…). Les enfants courent sur le ponton, passent de bateau en bateau en s’invitant de préférence aux heures (longues et nombreuses) de l’apéro, font des courses à bord des chariots de Carrefour, slalomant entre les queues de voitures et les poubelles… Ronan et Ingrid, de Morgane, sont toujours là pour filer un coup de main. Hier, ils ont même amené nos enfants avec les leurs à la plage. Dans cette ambiance de village, on en oublierait presque le gigantesque fouillis de bitume et de bruit de Santa Cruz de Ténérife.

(*) Dans l’intervalle, le spi vient de se déchirer, le lazy-bag (sac de couchage de la grand voile) vient de craquer. Même le balai brosse a lâché et, comble du comble, Isa nous annonce par mail que le paquet qu’elle nous a envoyé va lui être retourné. Arhhhhh……. HEUREUSEMENT, il y a une bonne nouvelle : Pierrot vient de nous apprendre qu’il allait être papa pour la deuxième fois. Et ça, ça déchire pas mal aussi !

Les copains en renfort pour le grand ménage


Tiphaine et Pierre au balai brosse


Canaries en vue

Adieu Madère, on t’aimait bien. Mais le vent d’est est là et c’est lui qui commande aux oiseaux migrateurs que nous sommes. Après une dernière soirée en compagnie de l’équipage de Café Liégeois, un crochet par Funchal pour les derniers pleins et la visite du superbe jardin botanique, nous traçons vers les Canaries. Deux jours de nav, et toujours du gros temps (force 6, note du cap.). Pablo a son patch, Corentin ses bracelets anti-vomi. Pour eux, la traversée se passent dans une douce léthargie. Les parents sont moins vaillants, pas mal brassés, il faut l’avouer. Heureusement, Yallingup est une vraie fusée : 7 à 8 nœuds en moyenne. On avance comme des fous et bientôt, dans la nuit noire, les premiers feux des avions clignotent au milieu des étoiles. Avant même de voir Tenerife, nous devinons, tout là-haut dans le ciel, ses nuées de touristes battant des ailes.

Madère, le plein de vert !

Difficile de s’arracher au charme de Machico et, surtout, de laisser notre bateau tout seul, sans nounou. Mais la météo tranquille nous invite à laisser notre bébé au mouillage (empennelé quand même : 50 m de lourd + 23 m de léger devant, ca devrait suffire) et à louer une voiture pour partir à la découverte de l’île. Trois jours de road-movie à bord de notre Clio rutilante (ça fait combien de temps qu’on n'a pas conduit ce genre de caisse métallique à roulettes ?) et là, c’est l’émerveillement. Autant la côte sud de Machico est sèche et rocailleuse, autant le nord est humide, quasi tropical. Un vrai jardin sauvage d’où dégringolent les cascades et les fleurs de toutes les couleurs : hibiscus, oiseaux du paradis, magnolias, cactus, bananiers… L’île est une montagne plantée dans l’océan, trouée de part en part de tunnels, parfois très récents, mais le plus souvent creusés à la pioche aux siècles derniers. Les randos se font avec la frontale toujours à portée de main car, même sur les sentiers, il faut passer les grandes gueules noires.

Evidemment, les gamins adorent, surtout lorsque, armés de courage, ils passent les longs couloirs toutes lampes éteintes en criant. Il y a aussi les piscines naturelles d’eau salée où, l’océan, capturé et dompté derrière de petits murets, se transforme en un miroir paisible. Et puis, il y a les levadas, plus de 1000 kilomètres de canaux, creusés il y a 500 ans pour irriguer les plaines, et longés par des sentiers de toute beauté.

Jardin botanique

Les oiseaux du paradis

Les Hibiscus

Echappée sauvage en Clio

Là plus qu’ailleurs, le Portugais a mouillé son marcel. Il a troué la montagne comme un gruyère, charrié l’eau, planté des kilomètres de vignobles suspendues à la verticale le long des falaises (André et Fréd, vous en auriez des sueurs froides !). Et, puis, tout là-haut sur les montagnes, notre super Manuel a creusé des marches pour passer dans le seul interstice possible entre deux versants. Des milliers de marches où le vide guette à droite et à gauche, laissant le marcheur succomber au vertige. Anne, Jean-Michel, Nicole, Denis, Violaine, Isa, Nath, Mario…Vous tous, nos amis, qui aimez les fleurs, la montagne, les cascades…, sautez dans le premier avion pour Madère. C’est un paradis (presque) aussi géant que la Corse. Presque (ça manque quand même un peu de Corses et de cochons sauvages).


Porto Moniz


Les piscines naturelles de Porto Moniz


Les piscines naturelles de Porto Moniz


La côte nord de Madère

Santana et ses maisons typiques

Heureusement que Maman a pensé a prendre les fourrures polaires


En haut du Pico Ruivo

Seixal sur la côte nord de Madère


Pico Ruivo 1862m

Le refuge du Pico Ruivo

Rando Pico Ruivo - Pico do Arieiro

Cherchez Pablo

Arrivés vivants au Pico do Arieiro


Arrivés vivants à Funchal

Madère, côté port

Il nous reste beaucoup à voir, mais Madère restera sans doute l’une de nos plus belles escales. Après quelques tâtonnements, nous nous fixons dans le port de Machico. Fatigués des mouillages où le bateau roule toute la nuit, et nous avec, nous nous mettons à couple du voilier du parc régional de Madère, lui-même à couple d’un chalutier qui a terminé sa saison et qui est solidement rivé au quai. Là au moins, les nuits sont calmes, sauf lorsque les pêcheurs rentrent de mer à 4 heures du mat, s’amarrent à Yallingup et font le partage du poisson à même le pont. Bruit de bottes en caoutchouc, toux de vieux briscards, odeur de morue… On croit à un cambriolage, mais non. Ce sont juste des gens qui travaillent et qui n’imaginent même pas que d’autres dorment sous leurs pieds dans l’incroyable confort d’un bateau de croisière. Le jour, les mêmes brossent leur pont et déplient leurs fils le long du quai, nouant l’un après l’autre des dizaines de petits hameçons, avec la même toux, le même regard voilé, les mêmes silences. Ambiance de péchous, virile à souhait. On adore ! Et, comme tout se passe bien à Machico, on dégote un soir un petit restau (*) où la patronne nous accueille comme à la maison avec des spécialités à tomber par terre. Notamment, l’espada, une sorte d’anguille moche comme un poux, mais bonne à croquer. Les enfants s’en lèchent encore les babines (bon, d’accord, il y avait aussi quelques frites sur l’assiette…) Entre deux bouchées, Corentin essaie d’échapper aux assauts de la belle Carolina, 3 ans, gardée tant bien que mal par sa grand-mère et sa tante en cuisine. On en rigole encore.

On aime bien aussi les ambiances de femmes à Machico.


(*) Restaurant « O general » *** : on a promis à la patronne de citer cette excellente adresse pour la faire connaître aux dizaines de milliers d’internautes qui suivent notre aventure.


Les joies du sable noir : Pablo

Les joies du sable noir : Tiphaine

Les joies du sable noir : Corentin

Mouillage à Madère

Machico

Rando Machico-Canical

Partie de carte chez Café Liegeois


Le Cned avec Charles


Evaluation d'Arts plastique 1 journée de travail

On poste enfin les évaluations

A Machico au milieu des pêchous

Le long d'une levada

Un des tunnels de la levada de Caldeirao verde

Les explorateurs dans le tunnel

Espetadas de carne de vaca au menu ce soir