vendredi 20 juin 2008

Bermudes - Açores : 12 jours et 5 heures

Dimanche 18 mai : la ruée vers l’Est
Les dépressions se succèdent aux Bermudes. Aujourd’hui, une petite fenêtre météo s’entrouvre entre la tempête de ces jours derniers et la suivante, attendue pour demain. Il faut donc partir aujourd’hui si l’on ne veut pas rester encore bloqué une semaine ici (ET ON NE LE VEUT PAS, on en a ras le short des bermudas !). Mais il faut speeder : semer le mauvais temps qui arrive à nouveau des Etats Unis et filer droit (et vite) sur l’anticyclone des Açores. De l’Est, de l’Est et encore de l’Est, a insisté notre routeur. Surtout pas d’envolée vers le nord car là haut, c’est que « d’ la misère » comme disent nos copains Québécois.
Lever 6 heures, départ 8 h 30. Nous sommes 4 bateaux français à prendre la poudre d’escampette en ce dimanche matin. La mer est d’un calme divin. Il n’y a pas un souffle d’air : on croit rêver. Hier encore, en fin d’après-midi, le vent rugissait dans les mâts, le bateau écrasait sans pitié les pare-battages sur le ponton et il pleuvait des cordes (euh, pardon des bouts)..
Une première journée de navigation agréable, donc. La mer est belle. Il fait même plutôt chaud. Journée lecture, Mille Bornes… Les enfants et nous-mêmes n’abordons pas du tout cette traversée retour comme la précédente : on a presque l’impression de vivre une espèce de routine (mais pas désagréable du tout). Cap au 90°.
Cath et Fred

Lundi 19 mai : ça bastonne !
Journée plus perturbée. Environ 20 nœuds de vent. Corentin passagèrement malade, mais qui rêve de pancakes et réclame sa dose de Tintin (en ce moment, on dévore l’Affaire Tournesol). Tiphaine totalement absorbée dans la lecture d’Harry Potter, une nouvelle passion pour la sorcellerie, et les livres en général (l’un des miracles de ce voyage).
Jusqu’à 25 nœuds dans l’après-midi, Grand Voile 2 ris et Génois à 1/3. Vers le soir, ça se calme un peu (pas beaucoup). Fred absorbé dans les cartes météo de Boston (3h30 de programmation, rien que ça : il va falloir faire du tri !). Résultat des courses : on continue cap à l’Est pendant au moins 2 jours encore. Grosse baston attendue mercredi sur les Bermudes : on a bien fait de partir !
Fred et Cath

Mardi 20 mai : ça dégouline
Mer plus calme. Les enfants sont désormais priés de s’habiller, de se débarbouiller et même… de se laver les dents. Ces règles de vie ont l’avantage de créer des repères dans la journée, et, simplement, de faire passer un moment. Un répit prolongé quand même question école. Les estomacs se baladent encore un peu trop dans les ventres et la somnolence mène toujours la danse.
En fin d’après-midi, un peu de gym en famille sur le pont (d’où l’on aperçoit notre premier bateau depuis le départ (un pétrolier)(une trace humaine) (ça fait toujours du bien), puis partie de Kem’s et initiation à la belote. L’air est incroyablement humide. Tout est moite. Même les cheveux sont mouillés.
Pour la première fois depuis le début du voyage, nous ne pouvons pas tenir plus d’une heure la nuit sur le pont : il y fait trop froid. Donc quart de nuit à l’intérieur. Ça tombe bien, il n’y a pas d’étoiles.
Cath

Mercredi 21 mai : dauphins !
Aujourd’hui, c’est bien parce qu’on va manger des frites et aussi parce qu’on a vu des dauphins. C’est Pablo qui était en train d’affaler le spi qui les a vus en premier. Il nous a appelés et on s’est tous précipités à l’avant. Ils étaient gros et il y en avait beaucoup. Ils avaient de belles écailles. Sinon, la traversée se passe bien. On arrive dans 12 jours.
Corentin

Jeudi 22 mai : baleines !
Aujourd’hui, c’était bien parce que le ciel était bleu et le soleil brillait tellement qu’il a failli me donner au moins dix coups de soleil. Le soir, j’ai fait le Cned pendant que Corentin et papa faisaient des lasagnes. J’ai réussi à faire presque toutes mes maths, même si j’ai failli m’endormir au moins vingt fois sur mon évaluation. Les mouvements du bateau, ça bercent vraiment beaucoup ! Quand maman m’a dit qu’on allait mangé les lasagnes devant un film, j’étais toute contente. Je lui ai dit : « Après l’effort, le réconfort ! »
Le film qu’on a regardé parlait des baleines. C’est la première fois qu’on le voyait car papa et maman viennent de l’offrir à Pablo pour son anniversaire. C’était super !
Tiphaine

Vendredi 20 mai : ça passe trop vite
Toujours le Cned : il faut renvoyer les derniers devoirs au plus tard début juin, donc dès notre arrivée aux Açores. Avec tout ça, on n’a plus le temps de regarder la mer, ou de jouer aux cartes. Le temps passe trop vite : en plus, on risque d’arriver plus tôt que prévu (12 jours au lieu de 15 commence à marmonner le capitaine dans sa barbe de 6 jours).
Ce matin, coup au cœur, en pointant mon nez dehors pendant mon quart : un cargo à quelques centaines de mètres qui s’apprête à croiser notre route. On dirait qu’il s’est arrêté au stop pour nous laisser le passage dans cette immensité. Et puis le voilà qui passe, et s’évanouit dans le petit matin. On aurait presque pu prendre un petit café ensemble. Dommage !
Catherine

Samedi 21 mai : c’est la mi-temps
Ce matin, pendant que maman se reposait après son quart, nous avons vu un ban de poissons sauter : c’était peut-être des thons ou, comme le pense Pablo, « des sardines en train de se faire bouffer par un requin » . Le soir, maman a fait une pizza et papa a dit qu’on allait la manger devant la télé. En fait, on a fêté la moitié de la traversée. Et, comme c’était un jour pas comme les autres, on a mangé dans des assiettes en carton avec des fleurs et des verres en plastique. Et , comme on a fait la moitié du chemin, on a eu droit de regarder la moitié d’Azur et Azmar.
Tiphaine

Dimanche 22 mai : CNED, le ras-le-bol
Je n’ai plus mal au cœur !! Ce matin, pendant que maman dormait, on a vu deux tortues qui flottaient à la surface de l’eau. Elles n’étaient sûrement pas mortes car de temps en temps, elles bougeaient. C’est bizarre de voir des tortues en plein milieu de l’océan. Sinon, j’ai fini mon « éval » de maths, et ça, ça fait un gros frisson de joie. Parfois, je pense à mes copains d’école (Antoine ou Elena ou Fanny) et je me dis qu’eux aussi doivent peut-être saturer des derniers jours d’école. Comme moi.
Pablo

Lundi 23 mai : break !
Pas de Cned aujourd’hui. Les grands vont tenter de se reposer pour rattraper le décalage horaire (3 heures de sommeil en moins. Déjà qu’on dormait pas beaucoup..). Les petits se changent les idées en allant se faire asperger à l’avant, puis, pour se réchauffer, regardent Toys Story au cinéma. Quel pied, disent-ils !
Le soir, pancakes au menu. Merci Pablo ! Corentin dit que, plus tard , il se fera naturaliser anglais pour pouvoir manger des pancakes tous les jours…
On rentre vraiment dans l’anticyclone : il fait beau, et le vent commence à manquer. Mais pas de moteur pour l’instant. Pourvu que ça dure !
Fréd

Mardi 24 mai : bien et pas bien
Aujourd’hui, c’était trop bien et pas bien. Le matin, on a mis le spi et ça nous a pris au moins 2 heures ! C’était long et fatiguant, en plus Papa avait toujours peur que la voile s’enroule sur elle même parce qu’on était trop vent arrière. Finalement, Papa a pris la décision de tangonner le spi (normalement, un spi asymétrique ça ne se tangonne pas) et en fait, ça a super bien marché : plus de 7 neouds de moyenne toute l’après-midi !
En plus, j’ai fait trois évaluations d’un coup en les finissant toutes. Ce qui est bien, c’est que le soir, on a eu droit a une super polenta, du bacon et une bonne ratatouille de maman. En plus, Pablo a vu une tortue et on a tous vu plein de méduses.
Tiphaine

Mercredi 25 mai : rêves
Mer agitée et grosses rafales. Le bateau fait des pointes à plus de 8 nœuds avec 2 riz dans la grand voile. Il pleut. Les évaluations avancent mais n’en finissent pas. Fred fait des miracles avec les K7 achetées chez le Chinois au Cap vert : il faut couper de la bande pour pouvoir enregistrer les negros spiritual de Pablo, les bruitages de Corentin et les compositions orales de Tiphaine. Plus le bruit des voiles et des poulies, et la casserole qui a le bon goût de glisser quand on appuie sur « play ». On espère que les profs du Cned ont des oreilles bien assurées.
Mais les tuteurs fatiguent aussi : il fait froid et humide. Je rêve d’un bain chaud dans une baignoire bleue avec de la mousse parfumée au jasmin. Je rêve d’habits propres, d’une jupe. Je rêve que je me maquille.
Catherine

Jeudi 26 mai : fiesta
C’est la fête parce que demain on arrive. On a d’abord fait une chasse au trésor dans le bateau. C’était super, le cadeau était caché dans les caleçons de papa. En plus, ce qui était chouette, c’est que Pipo et Pimprenelle, nos marionnettes, étaient là elles aussi. Ensuite, on a mangé une pizza et des petits choux (NDLR : façon Violaine) et un gâteau au chocolat. Ensuite, on a dansé : on a fait la chenille mais il fallait faire demi-tour toutes les 10 secondes parce que le bateau est tellement petit. Ensuite, Tiphaine nous a chanté des chansons. C’était beau mais ce qui m’a plu le plus, c’est le jeu de cartes que Pablo a inventé. Ensuite, moi aussi j’ai chanté deux chansons de mon Cned. On voulait pas aller se coucher. Y a que papa et maman qui voulaient, mais c’est trop bête parce que ils pouvaient pas aller se coucher à cause des quarts.
Corentin

Vendredi 27 mai : c’est gagné !
Couchée à 8 heures, levée à 11 heures. Je suis réveillée par des cris de joie : les enfants dansent dans le cockpit. Ils viennent de voir la terre ! On est tous très heureux, même si bizarrement, aucun d’entre nous n’est pressé d’arriver. Corentin propose même de se mettre à la cap une journée (face au vent) pour faire tout ce qu’on n’a pas eu le temps de faire (et notamment des crêpes). En fait, seule une traversée du Pacifique pourrait combler le programme culinaire de Corentin.
D’heure en heure, le vent s’essouffle. On allume le moteur pour être sûr d’arriver avant la nuit. Un quart d’heure d’arrêt juste le temps de se baigner et, surtout, de se laver. Faudrait quand même pas débarquer trop crad au Peter’s Bar.
Arrivée au port de Horta, île de Faial à 18 h, heure locale. La traversée aura duré 12 jours et 7 heures.
Cath

Et c'est parti pour le grand retour...

Un point, c'est tout

Même pas peur !

Le matin, corvée de patates (comme au bon vieux temps)

... ou atelier pétrissage...

L'après-midi, tir à la corde (enfin... au bout)

...un peu, beaucoup d'école...

... mais c'est pas toujours facile quand ça bouge

... alors autant aller se faire tremper à l'avant !

... ou hisser le spi...

... et même le tangonner (et c'est alors une oeuvre d'art !)

... sous toutes ses facettes...

...avant de faire la fête à J moins 1...

... avec Pipo bien sûr (toujours aussi destroy, et qui, lui au moins à le droit à une petite bibine, le veinard)

Et puis, un jour, un matin, la terre !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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