dimanche 27 avril 2008

Du 31 mars au 2 avril - Traversée Culebra (Iles Vierges)-Luperon (République dominicaine) : musclée !

C’est la RD qui nous attend maintenant (la République Dominicaine pour les non-initiés). Départ à l’aube pour franchir les 330 milles, spi, manœuvres, etc… pour se rendre compte finalement que, le vent s’étant relevé, on va beaucoup trop vite. Zut, on est sur un méchant tapis roulant qui va nous faire arriver à Luperon en peine nuit. Luperon, une des entrées les plus délicates du voyage dans le noir ? Non, pas possible !
A 120 milles de l’arrivée, debout sur les freins, on continue sous trinquette tangonnée seule. Le vent est monté jusqu’à 25-30 nœuds (force 6-7), mais le problème, c’est surtout la mer : 4 à 5 mètres de creux avec houle croisée de SE et de NE. Impossible de s’arrêter derrière le Cabo Cabron car trop de houle, donc on continue. Grain à force 9, vitesse à presque 10 nœuds sous trinquette seule… Bon, il ne reste plus que les incantations.
Eole entend nos suppliques et se calme un peu. Il faudra même dans la nuit remettre du génois (avec la trinquette de l’autre côté, c’est joli) pour arriver à l’heure du petit déjeuner à Luperon. Ouf !
Et l’équipage dans tout ça ?
Il s’est merveilleusement comporté. A peine 2 ou 3 petits vomis pour la forme. Il n’est pas tombé à la mer quand une grosse déferlante a rempli le cockpit alors qu’il était en train de découper des poissons d’avril à accrocher dans le dos, a épongé sans broncher la centaine de litres qui est rentré dans le bateau à ce moment là, a cuisiné et dégusté la grosse daurade choryphène qui avait eu le malheur de passer par là, a fait le CNED et s’est permis de regarder « James et la Pêche Géante » pendant les grains violents du dernier soir.
Il s’endurcit, l’équipage de Yallingup… On va peut-être le garder…

26 au 29 mars - Traversée de la mer des Caraïbes : rapide


Latitude 10°56’N : c’est notre record Sud ! On ne descendra pas plus bas (snif !). La remontée infernale commence. D’ailleurs, c’est plutôt un catapultage qui nous attend au départ de Margarita en route pour les Iles Vierges espagnoles. Au bon plein / petit largue, avec presque 2 nœuds de courant au début, nous parcourons les 450 milles comme des brutes à plus de 7 nœuds de moyenne. 180 milles les premières 24 heures. Yallingup en grande forme qui a tendance quand même à prendre un peu l’eau tellement le pont est continuellement immergé. Il faudra reprendre l’étanchéité de la cadène tribord, mise à mal par l’empannage du Canal Saint Vincent au Cap Vert. En 2 jours et demi, nous passons en revue sans les voir toutes les petites Antilles. Tant d’îles, de lagons, de petits coins à découvrir… On reviendra, promis. Mais notre arrivée à Culebra, juste à l’est de Porto Rico, nous conforte dans le choix que nous avons fait : 48 heures de relâche au mouillage, avec plongée en aquarium à la clé et repos bien mérité.
C’est beau les IVE, et en plus nous sommes seuls. Ce coup-ci, ça y est, on est bien sorti du sentier battu. Sensation étrange de vivre un moment unique à la frontière entre deux mondes…

Ilôt Luis Pena, près de Culebra, Iles Vierges Espagnoles

Contents d'être arrivés

Coucher de soleil sur Porto Rico

Paquebot en route pour les Bahamas

L'équipage en route pour la RD

Et encore une choryphène

21 au 26 mars - Île de Margarita - La carte bleue à quel prix ?


Margarita, ville de Porlamar. Plage bondée et hurlante. Colonnes de béton (là, franchement, Papa, même-toi, tu pleures). Mouillage rouleur. Ville sous tension. Déplacement uniquement en taxi. Relever l’annexe chaque soir pour éviter de se la faire chourer. Cadenasser tout. Choc frontal. Enfants énervés. Parents fatigués : pas de ponton. Il faut tout trimballer à dos d’annexe : les bouteilles de gaz, les courses, le linge à laver, les 580 litres d’eau en jerrican. Mais… pas de vin. Encore une bonne idée d’Hugo : la vente d’alcool est interdite pendant toute la Semaine sainte. Heureusement, on se rattrape le lundi (tchin !), on récupère notre fameuse carte bleue partie de Toulon par DHL (89 euros, merci la Poste, merci papa, merci maman). Un vrai plus : rencontre avec 2 équipages sympas. Enswann ( avec Marc, Sophie, Enzo et Swann) qui s’embarquent pour Panama et le tour du monde, et Bulle d’O, avec Bertrand, Catherine, et leurs trois grands enfants. Bulle d’O a bien failli s’embarquer, comme nous, pour la RD et Cuba, mais s’est ravisé. Dommage, autant le dire maintenant qu’ils sont loin : on aurait bien aimé faire route ensemble. A voir leurs ados si ouverts, si tranquilles, ils nous donnent envie de remettre ça dans 5 ou 6 ans.... En tous les cas, une très bonne soirée resto avec eux et Enswann au resto Punto Criolo. Un établissement qui assure un très bon change (sous le manteau, bien sûr). A bon voyageur salut...

Margarita et ses buildings

Pire que les Baléares

dimanche 20 avril 2008

Du 8 au 26 mars - Los Testigos paradisio

Episode 1 : même pas peur

Ambiance série B le soir de notre départ de Grenade pour le Venezuela. Planquer le fric dans les recoins du bateau (Arnaud, qui nous loue le bateau, risque de retrouver quelques biftons dans une cale ou deux à notre retour). Constituer un faux porte-monnaie pour tromper les gangsters. Cacher les appareils photos, l’ordi, les lingots d’or et les diamants….

Nous essayons tant bien que mal de tenir les enfants éloignés de ces tristes gesticulations. Mais la vie en bateau fait que les enfants sont TOUJOURS dans un rayon d’écoute TRES PROCHE du rayon de parlotte des adultes. Lorsqu’on les retrouve enfermés tous les trois dans leur cabine, ils sont en train de glisser leur argent de poche sous les boîtes de jeux et les culottes…

La réputation du Venezuela est détestable vu des Antilles. Et les îles, tenues jusqu’à présent à l’écart de cette réputation, ne sont plus épargnées. Sur l’archipel des Testigos, un plaisancier a été blessé par balle cette saison. Et ça tombe bien : on met le cap sur les Testigos. Pas de bateau copain avec qui faire la route. On s’enfonce donc dans la nuit, tout feux éteints. Mais l’ambiance à bord est sereine. La lune est ronde et belle. Et, si après 6 mois d’aventure en tous genre, on commençait à être un peu plus courageux ?


Episode 2 :Wahoo !


Une nuit calme et 6 heures plus tard, les Testigos sont en vue. Sur l’horizon, les pétroliers étirent leur coque infinie. Aucun doute sur le cap : on a bien touché le pays de l’essence à gogo. Et quand, enfin, la côte est à portée de vue, on retient tous un peu notre respiration. Un paysage de toute beauté balaie en un clin d’œil nos appréhensions. Nous sommes à l’ouest de de Testigo Pequino, l’une des quatre îles de l’archipel, à Playa Real. Des cocotiers, du sable blond, une petite cahute en bois, un relief doux mais pas plat du tout. A notre droite, l’île et la plage s’évanouissent. Un étroit couloir par où l’océan entre et sort en grondant et puis, tout de suite après une autre île, presque à touche-touche qui lui succède : Testigo Grande. C’est une vision idyllique, d’une harmonie magnifique. Un 20/20 en création de paradis.

Nous longeons tout doucement la côte bouche bée. D’une lancha, ces petites barques de pêche qui fleurent bon les vacances avec leur bâche blanche, s’échappe un air de salsa. Cette musique riante nous précipite tout à coup dans un autre monde : nous ne sommes qu’à quelques heures des Antilles, du zouk, du reggae, des dollars, de la peau noire, de l’anglais, du créole, des accras et du lait de coco. Mais dans la nuit, nous avons changé de planète : nous sommes au pays des latinos !


Venezuela, nous voilà !

Arrivée sur les Testigos

Episode 3 : Pirate toi-même

Comble de joie, il y a un bateau au mouillage, et en plus c’est des Français. Trois heures après avoir jeté l’ancre, nous sommes à bord du Gentiane autour d’un verre.

Françoise et Jean-Pierre sont d’adorables Bordelais qui ont élu domicile au Venezuela. Les pirates ? La violence ? Françoise et Jean-Pierre rigolent doucement. Aux Testigos, il n’y a qu’une chose à craindre : le trop plein de beauté et de gentillesse. Au lendemain de notre arrivée, nous nous réveillons entourés de lanchas au bord desquelles les pêcheurs sifflent et reprisent leur filet. Les premiers que nous abordons nous offrent deux pagres. Le lendemain, une habitante nous offre un mérou et des bonites. Le surlendemain, un gringo tape à notre coque : c’est Eric, un franco-québécois, qui a jeté l’ancre aux Testigos. Encore un. Il nous tend une raie magnifique, et évidemment délicieuse.

Jour après jour, nous faisons l’expérience d’une relation humaine oubliée depuis le cap Vert et la Dominique : ici, les gens n’ont rien, mais ils donnent le peu qu’ils ont. Donner, c’est exister. Nous sommes ébranlés par cette générosité. En douze jours de présence aux Testigos, nous ne dépenserons qu’une cinquantaine d’euros. Nous faisons le vœu que les enfants, et nous-mêmes n’oublient jamais ce lien unique qui peut unir les hommes. Et très vite, nous rentrons dans le jeu : nous offrons des bières, des cocas, de la farine, du sucre… Car Hugo Chavez a si bien fait les choses qu’il n’y a plus ni lait, ni sucre, ni œufs dans les magasins. Le reste est vendu à de prix qui défient l’imagination : le kilo de farine est vendu 22 bolivars, soit 4 euros.

Dans une telle ambiance, nos réflexes sécuritaires s’émoussent jour après jour : le bateau qui est, au début, une forteresse imprenable finit ouvert à tous les vents, complètement béant.

Balade sur les hauteurs

C'est joli mais ça pique !

La machette, idéale pour se frayer un chemin dans les cactus.

Le bord de mer, moins hostile que l'intérieur des terres.

Episode 4 : une visite très attendue

Les enfants n’en peuvent plus : depuis la première seconde de leur arrivée, ici, il n’est question que de Chon Chon.

Chon Chon habite sur l’île de Testigos Pequino. Sa maison est un enchevêtrement de planches, de palmes et de tôles. Son lit est un hamac sous le auvent. Tous les navigateurs qui ont croisé par là ont rencontré cet homme aujourd’hui âgé de 80 ans. Son portrait est dans tous les blogs. Sa légende est sur toutes les lèvres. Il nous reçoit dans son petit paradis de terre battue et nous invite à manger le lendemain soir. Auparavant, il chausse ses palmes et nous conduits à un trou à langoustes, armé de son arme fatale : un bâton terminé d’un petit crochet. Chon Chon repère deux langoustes. Mais Chon Chon est un sage : voyant Corentin fatigué par une longue plongée, il ramène l’enfant à la plage oubliant les bestioles.

Nous sommes subjugués par ce vieillard si pauvre et à la fois si riche. Chon Chon a vieilli, sa télé offerte à tous les vents offre en alternance le son et les images, son parterre est jonché d’arrêtes de poissons, de poussins, de canettes et de noix de coco… Mais Chon Chon vit. Et savoir qu’un homme vieux et humble est encore en droit d’habiter un endroit si beau dans une telle liberté est d'un grand réconfort.

La plage de Chon Chon

Rencontre avec Chon Chon, une légende vivante

J'habiterais bien là, moi

Maman ils sont trop mignons les poussins de Chon Chon...

... et aussi notre ami Chun Chun

Episode 5 : d’autres belles …

Magnifiques snork(e)lings aux Testigos : il y a les flambeurs avec leur corps bleu marine pailletés de points lumineux. Les timides, rouges cramoisis, cachés sous les rochers. Les stars, corps bleus lumineux et grosses bouches outrancièrement fardés. Les enfants de Nemo, tout droit sortis d’un dessin animé, avec leur forme triangulaire et leurs couleurs de rêve. Les calmes, les speedés, les curieux qui viennent taper au masque…Et puis, bien sûr, les murènes, les mérous patauds, les langoustes et leurs antennes immenses… Chaque jour maintenant, nous plongeons pour prendre notre shoot. Le corail est notre maison de vacances, notre cinéma, notre théâtre, notre métro, notre jardin secret.

Celles-là, c'est pas nous qu'on les a attrapées...

... mais celle-là, oui, et à la main s'il-vous-plaît !

Episode 6 : et grosses rencontres

Et puis, il y a cette nuit passée sur la plage de l’autre coté de Testigos Grande. La journée, nous avions repéré sur le sable d’immenses traces dans le sable genre pneus de 4X4. Mais il n’y a pas de voitures aux Testigos, seulement des tortues Luth qui viennent pondre du mois de mars au mois de juin à l’endroit même où elles sont nées.

Accompagnés de notre pote Eric, nous nous installons donc pour la nuit dans l’espoir de croiser l’un de ces monstres marins. Et, vers minuit, le miracle se produit : une grosse masse échouée sur la plage attire nos regards. On n’y croit pas. On se précipite. Des nageoires géantes s’ébattent dans le sable tentant de mouvoir le corps énorme qu’elles enserrent. Nous sommes seuls avec l’animal, émus aux larmes, nous embrassant les uns les autres.

Tout droit sortie de la préhistoire, et des rouleaux énormes de l’océan, la tortue peine. Elle a fait des milliers de kilomètres et la voilà maintenant qui se débat dans cet élément qui lui est si étranger. Chaque centimètre lui coûte, mais elle s’accroche. Le sable vole en tous sens. Enfin, elle s’arrête, mais ce n’est qu’un répit. Elle se met à creuser avec ses pattes arrières : un trou d’1 mètre, presque 2 mètres de profondeur ! Le travail n’en finit pas quand soudain une succession de petits œufs gros comme des balles des ping-pong dégringolent dans la fosse. La belle a accompli sa mission. On croit voir des larmes dans ses yeux à la lueur de la lune qui nous éclaire tant qu’elle peut. On voudrait l’embrasser, lui dire tous nos vœux de bonheur, mais le travail continue. Il faut enterrer les œufs puis rejoindre le monde de la mer.

Demi-tour marche. On pense qu’elle a du mal à trouver sa voie. En fait, elle veut brouiller les pistes pour masquer son nid souterrain. Pas à pas, seconde après seconde, elle rejoint l’océan infini, aidée des enfants qui la poussent vers le rivage. La tortue finit par s’enfoncer dans la nuit et disparaît comme elle est arrivée…

Pablo l’a baptisée Elena du nom de sa très chère amie d’école. Trois heures plus tard, une autre apparition se produira. Corentin l’a baptisera Camille…

Très grands moments Chance d’avoir assisté à un tel spectacle sans guide, sans groupe, sans barrière de protection. Une nuit inoubliable.

Pendant que les enfants se baignent, le bivouac se prépare

Tout est prêt pour accueillir dames tortues

Quelques langoustes en attendant

Soudain notre coeur se serre...


Quelle émotion !

Mé keskiféla suila


C'est déjà ma copine


Vas-y ma belle tu peux commencer à pondre...


Une cascade de petits oeufs gros comme des balles de ping-pong

J'aimerais tant repartir avec toi

Adieu, et bonne chance !


Au petit matin, et si ce n'avait été qu'un rêve...


Episode 7 : très cher Eric,

Comme d’autres Français, d’autres Québécois ou Suisses, tu as élu domicile dans ce coin de paradis où l’argent n’a aucune valeur. Ton petit bateau, Moby Dick, s’est figé depuis cinq ans face à la dune. Chaque jour, tu prêtes mains fortes aux pêcheurs ou tu charries des kilos de ciment pour permettre aux plus déshérités de se construire un toit.

Le jour où nous t’avons rencontré, tu nous as offert une raie. Un autre jour, tu nous as donné un jerrican d’essence. Même si le pétrole ne vaut rien ici, et si les poissons foisonnent, tes gestes nous sont allés droit au cœur. Comme ta gentillesse et ton alan. Tu sais, comme nous maintenant, le bonheur d’avoir touché une terre si sereine et si belle. Comme toi, nous avons bien failli retarder de dix jours, puis de vingt, puis de trente ans notre escale aux Testigos. Reste y encore un peu, histoire de nous donner l’illusion d’en être pas partis. Et, surtout, termine vite ton bouquin sur la cuisine à bord. On s’en régale d’avance (ça nous changera des recettes SEB)

De l’île de Margarita d’où nous t’écrivons, les immeubles poussent comme des champignons, les terrains vagues sont misérables, les taxis font office de voitures blindées et les boutiques dégoulinent de trucs aussi chers qu’inutiles. Tu manques aux enfants.

Hasta luego, Enrique.


La lougouste selon Eric, revenue à la poèle côté coquille avec aïl et huile d'olive. Aïe aïe aïe...


Eric, encore et toujours, avec son inséparable Cookie.


Il paraît que sur la plage tout en bas des tortues viennent pondre à la nuit tombée...

Episode 8 : « Mes 42 ans aux Testigos »

Le billet du capitaine (mais oui, mais oui, une fois n’est pas coutume !)

J’ai été particulièrement gâté pour mes 42 ans : cela avait déjà commencé à Carriacou aux Grenadines avec Tiphaine et Raphaël de Yann Emilie qui m’avaient concocté des messages codés en hiéroglyphes pendant une journée entière, avec petits montages à la clé et tout et tout.

Le jour J, le lendemain de notre arrivée aux Testigos, je fus prié d’aller me promener sur la plage de Chon Chon. J’en profitai pour aller discuter avec les pêcheurs de Margarita qui restent la journée au mouillage dans l’Archipel pour conditionner leur pêche et, comme c’était mon anniversaire, je revins avec une dizaine de poissons. Ça commençait bien !

Pendant mon absence, ça avait trimé dur sur le bateau, et notamment en cuisine. Un vrai menu gastronomique ! Jugez plutôt :

  • Petits toasts chauds au caviar d’aubergines et olives de Chaumarty.

  • Gratin de potiron et sa timbale de riz

  • Vivaro au citron vert au four

  • Flan des Tropiques au rhum et ananas spécial Pablo, accompagné de petits sablés spécial Corentin.

Mais ce n’était pas tout. J’eus droit à un joli bricolage spécial Tiphaine : une guitare en carton, boite de conserve et élastiques unique au monde, sans compter une myriade de petits mots d’amour des unes et des uns (et surtout d’une), des pliages papier, plus un dessin de Corentin avec bateau, maison et … soleil bien sûr !

Un grand merci à ma famille chérie.


Bon anniversaire !