mardi 22 janvier 2008

Notre arrivée à la Martinique

Au petit matin du 2 janvier, un halo de lumière se devine très très loin. C’est juste un peu plus clair, pas pareil qu’ailleurs dans le ciel. Grâce aux savants calculs de Fréd, et un peu aussi grâce au GPS, nous savons que la terre est proche. Mais il y a maintenant un point sur l’horizon qui en apporte la preuve, une preuve qu’aucun calcul, qu’aucune machine n’apporteront jamais. Une preuve vivante. Après tant et tant de jours sur l’eau, la terre m’apparaît en effet comme un être vivant au cœur battant. Bizarre….

Terre !!!!!!!!!


Je reste rivée à cette lumière au loin durant tout le reste de mon quart. Il n’a jamais fait aussi chaud. Je tombe le ciré, la veste, le pull… Et puis je tombe tout court dans la couchette anti-roulis home-made que nous brevetterons un jour tellement elle est cozy.

Lorsque je me réveille, Fréd est grognon. Le vent est tombé. Il a dû mettre le moteur. Au loin, les côtes de la Martinique se dessinent nettement. Ce n’est plus un halo. C’est une île, une vraie toute jolie, verte et illuminée. Comment peut-on être si bougon alors que la ligne d’arrivée est si proche ? La fatigue, bien sûr, et puis l’énervement de devoir allumer le teuf-teuf alors que les voiles nous ont si bien portés jusque-là…
Quand la côte est à portée de main, la bonne humeur revient aussi sec. Et puis, c’est si beau, cette plage avec ces parasols, ces hamacs, ces payottes. On dirait du Club Méd, et d’ailleurs c’est le Club méd. Tout autour il y a plein de voiliers, dont pas mal d’épaves il faut dire, souvenirs du cyclone qui a sévit il y a quelques semaines. Et nous qui nous croyons seuls au monde !


La Martinique, belle comme un village du Club Méd


Mais le temps de l’émerveillement est bref. Deux heures après s’être amarrés au ponton du Marin, Pablo et moi nous enfournons dans un taxi, direction l’hôpital de La Meynard. Une heure après, il est admis aux urgences. Trois heures plus tard, il rentre au bloc pour se faire opérer de l’appendicite.

Premiers pas sur le ponton du Marin. Complètement à l'ouest...


Une glace bien méritée

Nous avions rêver d’une arrivée en douceur, genre petit mouillage tranquille, pour reprendre pied doucement avec la civilisation. Evidemment, c’est râté. Mais le pire a été évité puisque le mal au ventre s’est déclaré à seulement trois jours de l’arrivée et on ne pouvait rêver mieux qu’un atterrissage en Martinique, question soins et hospitalisation aux Antilles. Et puis, pour apprécier la qualité d’une population, il n’y a pas mieux que ces moments chauds bouillants. Le personnel du port, le taxi, le personnel de l’hôpital ont été d’une immense amabilité, comme d’ailleurs la plupart des Martiniquais. Nous avons été parachutés ventre à terre dans un monde où Blancs et Noirs cohabitent dans une harmonie exemplaire et sur un niveau d’égalité rare. Ici en effet il n’y a pas que des médecins blancs et des femmes de ménage noires. La couleur de peau n’a que peu à voir avec la fonction. Ça change.

Moi aussi j'aurais aimé une bonne glace


Heureusement j'ai été bien choyé

P.S. : Un grand merci à Chantal que nous ne connaissions que de nom, et qui nous a accueillis comme des rois avec sa vitalité et ses kilos d’agrumes cueillis dans son jardin. La pizza trois fromages et la bouteille de vin partagés dans la voiture sur le parking de l’hôpital restent un petit bonheur inoubliable. Les Martiniquais, de souche ou d’adoption, sont incroyablement sympathiques.


lundi 21 janvier 2008

14 jours et demi pour rallier la Martinique

Une traversée de l’Atlantique à bord d’un voilier de 13 métres 50, chacun la vit à sa façon. Chacun de nous pourrait ainsi écrire cinq textes très différents, et même encore plus car c’est une expérience paradoxalement très intime à l’intérieur d’un huis-clos vraiment très clos.

Alors que peut-on dire qui soit commun à tous ?


Que cette transat a été infiniment plus simple qu’une « petite » nav entre Gibraltar et Madère, ou même qu’entre l’île de Sao Nicolau et Santo Antao au Cap Vert.

Que nous avons vu des pluies d’étoiles dans un planétarium géant, que nous avons été escortés par un baleineau pendant deux heures, que nous nous sommes baignés au milieu de cette grande étendue bleue sur la carte ;

Une traversée très reussite

Que nous avons joué au Kems, au Uno et aux petits chevaux dans le silence de l’océan, que nous avons transformé le bateau en arbre de Noël et fait les fêtes de fin d’année les plus sobres et les plus économes de tous les temps, mais aussi les plus rigolotes avec nos marionnettes, nos cadeaux à trois sous cachés dans la soute à voile et nos patatas à la poêle ;

Préparatifs de Noël. Les parre-battages sont de la fête

Une cheminée...

... en forme de soute à voiles

Merci père Noël !

Que nous avons fait du hissage du spi une affaire de famille ;

Que chaque jour, notre pendule était un peu plus folle quand à 8 heures, puis 9 heures, puis 10 heures, c’était encore nuit noire (même sans lunettes de soleil, précisons-le).

Que tout est allé vite, trop vite tant il est simple de s’abandonner aux alizés qui portent et poussent le bateau dans le creux de leurs grosses paumes de mains.

Alors, bien sûr, à l’arrivée, on se rend compte soudain comme tout pègue, tout est moite, tout sent le sel et la chaussette mouillée.

On réalise comme c’est bon de pouvoir poser un verre sur la table sans qu’il tombe, ouvrir un placard sans recevoir sur la gueule le pack de riz qui se répand dans l’évier. On redécouvre le plaisir d’être à plat, d’être au calme sans cette poulie qui grince, ces voiles qui battent, ces winches qui se déchaînent.

On retrouve ces assiettes si plates au lieu de ces bols rouges en plastique infâmes où l’on entassait son repas. On apprécie ces nuits non stop quand il y a quelques jours encore on se levait dans le noir pour enfiler son ciré et visser sa frontale, laissant une couchette plus étroite qu’un cercueil, mais si chaude, à sa moitié bâillante et franchement ingrate.

On jubile à laisser couler l’eau sans cogner contre le regard noir de Corentin. Le bonheur de l’eau douce, si douce…

Et puis, passés tous ces plaisirs retrouvés, on se retrouve cinq parmi des centaines et des milliers de semblables à la Martinique qui jubilent du matin au soir parce qu’ils boivent un ti-punch en maillot sur leur bateau de location.

On pensait avoir fait un truc pas mal, on rêvait peut-être un peu aussi d’être accueillis en héros de la résistance. Et puis, on se retrouve sales, mal coiffés, hésitants et titubants face à tous ces loueurs frais et si bien apprêtés. Leurs valises à roulettes passent et repassent sur les pontons. Dans nos vieux sacs à dos à nous, il y a des kilos de linge sale qui puent. Et pas même un autocollant Air France, placardé sur les bandoulières, pour la frime….

Des nuages de rêve

Lever de soleil au 13e jour

Hommage à eux



Au terme de cette aventure, il faut féliciter celui qui, au 11e jour de traversée, s’est plaint d’un point de coté sur son tribord ventral. Il n’avait pas fait de footing, pourtant. Pas même un petit match de rugby dans le cockpit. Et oui : le truc qui n’arrive que dans les livres, Pablo l’a fait : une crise de l’appendicite ! Trois jours donc à patienter allongé dans la couchette avec des gants glacés sur le ventre et un immonde antibiotique à la fraise en guise de repas de réveillon. Et lui qui venait à peine, après des semaines de combat acharné, de terrasser le mal de mer ! C’est vraiment trop injuste. Ça n’a pas été facile pour toi Pablo. Pour nous non plus d’ailleurs : on a eu un peu plus de toasts le soir du 31, mais il manquait vraiment un matelot pour border les voiles et remonter la ligne.

Les serviettes glacées sur le ventre, c'est bien, mais on va peut-être passer aux antibios, n'est-ce pas Pablo...

Et toi, Capitaine, qui a passé quatorze jours à border, à choquer, à prendre un ris, à l’enlever, à le remettre, à changer de place ton pontet de fortune, à batailler avec cette radio grésillante censée donner la météo, à aligner chaque jour un nouveau point sur la carte pour relever le moral de ta troupe. Ton vœu le plus cher était que nous prenions plaisir à cette traversée. Qu’elle ne soit pas un long décompte des jours qui restaient à tirer, mais un bonheur en soi, un moment unique dont nous nous souviendrions toute notre vie. Et peu à peu, tu as gagné ton pari : nous avons compté les jours moins de 10 fois dans une même journée pour regarder la mer, admirer les nuages, rêver, rire, manger, jouer…

C'est décidé...

... demain, je m'offre un GPS !

Tu as fini lessivé, et même un peu énervé, il faut le dire, mais tu as bien mérité les médailles que t’ont décernées les enfants. Tu peux ranger ton sextant, et lire enfin au calme « La philosophie allemande de Kant à Heidegger » en sirotant ta bière sous les cocotiers. Maintenant, c’est les vacances !!!

Pablo calcule le nombre de milles parcourus

La dernière salle de gym à la mode

L'équipe de nuit au grand complet

Lessive en phase rinçage

Douche de rigueur

Les matelots font le point

La traversée en (quelques) chiffres


Stock

1100 litres d’eau

5 Litres de rhum

1 Régime de banane

20 Kilos de farine

25 kilos de pâtes et riz

30 boites de thon et sardines

6 packs de beurre (et il en manque. On doit se rabattre sur la margarine. Beurk…)

1 courge de 7 kilos et des soupes mirifiques

8 litres de gaspacho en bricks

12 litres d’huile d’olive

... et pas mal de boîtes de conserves au goût plus ou moins subtil.

Et une baguette, une !

Nav

2100 Milles

30 prises et largages de ris

6 envois de spi

35 méridiens franchis (du 25e au 60e )

6 nœuds de vitesse moyenne

12 nœuds de vitesse maxi

3 empannages (euh, pardon, virements lof pour lof)

56 heures de moteur, essentiellement pour recharger les batteries (les panneaux solaires et l’éolienne sont de grosses feignasses)

320 heures à la barre sans broncher pour Marcel, notre pilote automatique (qui, lui, au moins, n’est pas une feignasse)

6000 coups de pompe à chiotte

600 ouvertures et fermetures de vanne

1 avarie : le pontet de fixation du tangon arraché (et ça a failli faire mal aux matelots qui étaient dessous en train d’essayer de faire leur gym matinale)


Pêche

1 dorade coryphène

1 anguille

et une choryfène, une !

Miam

8 chefs d’œuvres culinaires parmi lesquelles 2 pizzas, 1 cake salé, 1 gâteau doré, 2 séances de pop-corn et, le régal des régals, des bananes flambées au grogue capverdien.

0 mg d’alcool (et ça c’est pas cool surtout quand on passe Noël et Jour de l’An à bord)

A la soupe !

La meilleure pizza du monde


Baffes, coups de gueule et engueulades


Joker !


Devoirs



10 leçons de Cned terrassées


Pas de vacances pour les Cneders

Plouf

0 homme à la mer

1 doudou à la mer (nous ne t’oublierons pas petit Izard)

20 pinces à linge à la mer

1 baignade

Baignade en eau profonde sous très haute protection

Bobos

1 crise d’appendicite

175 bleus, bosses, égratignures, ampoules, courbatures…

3 vomis


Ôooooooo loin

4 oiseaux

100 poissons volants

1 baleineau

5 cargos et paquebots (et toutes ces centaines d’heures à veiller pour ça !!!! Remboursez !!!!)

Couchette anti-roulis top confort


La traversée en livres

Lire et relire les Club des cinq...

Version parents



Rue de la sardine de John Steinbeck : un vrai poème plein de bons bougres et de femmes légères. Quel style ce John !
Je m’en vais de Jean Echenoz : Un regard fendard sur le marché de l’art, un thriller qui n’en est pas un, un roman de voyage qui n’en est pas un… L’auteur s’intéresse plus au style qu’à l’histoire (tout le monde n’est pas Steinbeck) mais c’est quand même bien palpitant.
La folle allure, de Chrtistian Bobin Un regard très caustique sur la vie, les parents, le couple, le tout chantonné l’air de rien. Ça décoiffe. Une phrase au hasard : « Je pense que le grand art est l’art des distances : trop près on brûle, trop loin, on gêle. Il faut apprendre à trouver le point exact et s’y tenir. On ne peut l’apprendre qu’à ses dépens come tout ce qu’on apprend vraiment. Il faut payer pour savoir.
Haute fidélité de Nick Hornby : très drôle, très anglais, très émouvant. Très, très, très bien.
Le livre de Dina, tome 1 et 2, de Herbjorg Wassmo : une saga norvégienne sur la vie d’une femme pas possible. C’est beau, étrange, romantique, fascinant. Mais pourquoi j’ai pas acheté le tome 3 ?????
La boite noire, recueil de nouvelles de Tonino Benacquista. Fred a particulièrement bien aimé « Transfert » (vive les psy !
Au bonheur de lire : des extraits bien sympas de Pennac, Sarraute, Flaubert…


Version enfants


Pablo

Les enfants de la baleine blanche : le carnet de bord de 8 enfants qui traversent l’Atlantique. J’ai beaucoup aimé parce qu’ils ont fait le même voyage que nous et ça me donne des idées pour nos prochaines escales. Merci à Coline des Clés Ju qui me l’a prêté.
Moumine le Troll de Tove Jansson : un livre plein d’humour et d’imagination sur l’histoire d’un papa Moumine qui raconte son enfance à ses enfants. J’appelle ça un livre sans fin car il y a toujours plein de rebondissements. Mon livre préféré de toute la traversée. 268 pages.
Dans la tanière du yetide Yves-Marie Clément : Tom et Zoé ont un talisman magique qui les propulse dans l’Himalaya. Une histoire d’aventure qui fait peur, mais que j’ai beaucoup aimé.
Les CM2 à la Une, de Catherine Missonnier : des élèves de CM2 décident de faire un journal jusqu’au moment où ils rédigent un article qui tourne mal… Un roman policier et d’aventure sympa.
Le royaume de Kensuke, de Michael Morpurgo : Michael, un petit garçon de 11 ans, fait le tour du monde en bateau avec ses parents. Mais, à cause d’une maladresse, il tombe à l’eau et se retrouve sur une île mystérieuse avec son chien. J’ai adoré ce livre, mais j’espère que ça ne va pas m’arriver.
Graine de résistancede Arthur Ténor : En 1940, pendant la guerre, Rémy, 12 ans, se fait convoquer par un officier allemand parce qu’il lui a marché sur le pied. A partir de ce jour, il devient un petit résistant. Mais le pire, c’est quand sa mère dénonce une famille juive et que son meilleur ami se suicide. Il devra affronter les dangers lui-même. Un livre plein de trahisons et de suspens, mais qui finit bien.

Tiphaine

Le Club des Cinq au bord de la mer, de Enid Blyton : avec le Club des Cinq, on ne peut jamais, s’ennuyer. Il y a toujours de l‘aventure. Le seul ennui, c’est qu’on ne peut jamais s’en séparer, dans la cuisine, dans la chambre, à table et même dans les cabinets !
Le Club des cinq pris au piège : Claude, Mike, Annie, François et Dagobert, leur chien, gardent la maison des parents de Claude, quand, une nuit, la maison est cambriolée. Le jour suivant, Claude est enlevée… J’ai eu très peur en lisant ce livre plein d’aventure . J’ai adoré.
Basile et le secret de l’abbaye, de Gérard Moncomble : Durant le Moyen Âge, Basile, une petit garçon troubadour, se promène dans la forêt. Il a très faim et très soif. Il rentre dans une auberge où l’aubergiste n’est pas gentil. En fait, il va découvrir que cette auberge est un lieu de complot… Ce livre m’a tellement plu que je l’ai lu en trois jours, et pourtant il y a 78 pages. J’ai hâte de lire les autres tomes.
La collection des cabanes magiques, de Mary Pope Osborne : Tom et Léa sont deux enfants qui voyagent dans le temps grâce à une cabane magique. Il leur arrive plein d’aventure au temps des dinosaures, de la préhistoire, des chevaliers, des pirates…


Du 16 au 18 décembre - Tarrafal, île de Santo Antao, Cap Vert : mieux qu’à Thalassa

Nous terminons notre périple capverdien dans un coin de paradis complètement paumé à l’ouest de Santo Antao. Ici, tout n’est qu’ordre et beauté, pauvreté, calme et volupté. Un tout petit village à plusieurs heures de tap tap de toute âme qui vive. Les gens sont ici comme ailleurs au Cap vert : paisibles et pauvres, laborieux et souriants. Dans ce coin si paumé, l’école peut faire pâlir d’envie n’importe quel bled d’Ariège avec ses quatre classes surchargées et ses petits enfants en uniforme qui court pieds nus au milieu des poules.

Une choryfène de Tarrafal

Nous profitons peu de cet havre tranquille, trop occupés que nous sommes à préparer notre départ pour la transat. Mais nous n’oublierons jamais Tarrafal comme nous n’oublierons jamais ses rouleaux de folie qui nous retiennent sur ses rivages. Car le tout n’est pas de débarquer, il faut ensuite remonter dans l’annexe et regagner le bateau. Depuis Madère, nous avons appris à patienter : compter les vagues, attendre l’accalmie puis monter à toute vitesse dans le pneumatique et ramer comme des fous pour éviter le nouveau cycle de rouleaux. Malheureusement, nous ne sommes pas aussi forts que les pêcheurs capverdiens et la première tentative est désastreuse : alors que nous sommes tous les cinq dans l’annexe, une sorte de tsunami se dresse soudain face à nous, retournant l’embarcation, l’équipage et les rames comme une crêpe pathétique. Les enfants sont traumatisés. Les parents n’en mènent pas large même si nos copains de Morgane avait subi le même sort sous nos yeux à Porto Santo. Fidèles à eux-mêmes, des Capverdiens viendront toujours à nos cotés les fois d’après, scrutant la mer et nous poussant au bon moment pour éviter la cata, mais le mal est fait. Le dernier jour, Pablo tourne le dos à la plage et regarde vers le large. « Je ne veux plus descendre. Je veux aller par-là, au moins on risque pas de chavirer. » L’océan si paisible nous tend les bras.

Briefing à J moins 1 heure avant le départ

Alors on y va.

On est le 18 décembre. 22 heures 30. Des Français sont à nos côtés au mouillage. Ils nous font une petite ovation dans la nuit et nous crient « bonne chance ». Ancre relevée, voile hissée. C’est parti pour deux semaines de navigation, peut-être moins, ou peut-être beaucoup plus…