samedi 20 octobre 2007

Samedi 6 octobre - Marocco express

Ceuta, c’est sympa. C’est le Maroc en Europe. Belles rues pavées où l’Espagne et l’Union européenne ont balancé des euros sans compter. Mais l’envie est trop forte d’aller voir de l’autre coté du rideau, le vrai Maghreb. Une brosse à dent pour cinq dans le sac à dos et nous voilà partis pour deux jours au Maroc. Le rideau n’est pas en fer, mais presque. Il nous faut marcher le long d’un corridor de près de 300m de long, bousculés par des dizaines de Marocains qui reviennent de faire leurs courses au Lidl. Un hélico survole le ciel. Des barbelés surplombent tous les récifs qui s’avancent dans la Méditerranée. Nous quittons le monde des riches pour un autre monde. Une autre planète. Le sentiment d’être sur une ligne de fracture nous saisit Fréd et moi. Les enfants regardent les femmes, toutes voilées, marcher à grands pas, mais sont plutôt séduits par les douaniers Marocains qui parlent étonnamment français.

Passée la frontière, première négociation d’une longue série : il faut marchander le prix d’un taxi qui nous conduira jusqu’à Chebchaouen, dans le Rif Marocain, à une centaine de kilomètres. Nous découvrions un peu tard que les taxis marocains sont des Vatanen lobotomisés. Evidemment pas l’ombre d’une ceinture de sécurité et le compteur bloqué sur 120 dans les routes de montagne. Arrivés à destination, il nous faut bien deux heures pour comprendre pourquoi on n’est pas mort. Mystère. Balade dans la médina de Chaouen. On voulait du Maroc authentique, on l’a. Les babouches pendouillent à côté des poulets. Les mendiants, les épices, les vendeurs assis par terre, les estropiés, les marchands de tapis, les murs en chaux blanche et bleu qui font penser au monde des Schtroumpfs et qui font rêver les enfants… En plus, c’est Ramadan et l’heure de la délivrance approche : les femmes courent le long des rues des plateaux de gâteaux plein les bras. La fête se prépare.



Nous sommes un peu paumés. Sans doute un peu de trop. Le choc est très violent dans ces montagnes pour nous qui vivons au rythme des marinas cossues et de la mer depuis des jours. Nous nous laissons porter jusqu’à un petit restaurant désert où la soupe est les tajins sont excellents. La chambre d’hôtel est des plus sommaires, mais il y a cinq lits, ce qui est déjà pas mal. De toutes façons, nous sommes crevés. Mais Corentin qui, avec ses yeux bleus et ses cheveux blonds a échappé à plusieurs kidnappings dans l’après-midi, ne trouve pas le sommeil si facilement. Et, bientôt, une toux rauque venue du fond des montagnes secoue le petit bonhomme. Une heure plus tard, le voilà embarqué dans un taxi avec son papa et le patron de l’hôtel vers l’hôpital de Chaouen. Laryngite. Sous notre chambre, les tambours et les chants se déchaînent. Dormir ? L’enfant, le père et la cortisone reviennent plus vite que ne le permettront jamais les urgences à la française. Cinq heures du matin. La fête s’éteint puisque le jeun reprend. Il reste quelques heures pour dormir, puis prendre un thé à la menthe, puis reprendre un taxi presque aussi fou que le premier.

A l’arrivée à Ceuta, les rues sont toujours aussi propres et bien dallées. En plus, il y a les copains du « Yann et Emilie » qui sont là eux aussi et nous invitent à partager leur poulet au curry. Les enfants sortent les trottinettes, les vélos et les cannes à pêche des bateaux. Nous sommes de retour au pays. Douce Europe !

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