vendredi 14 décembre 2007

Canaries - Cap Vert : 6 jours - 6 nuits


Départ de la Gomera (Canaries) sur les rotules (3 jours qu’on remplit le bateau, qu’on brique, qu’on répare…) et un peu sur les nerfs : il serait si simple de partir direct sur les Antilles ! Le passage par le Cap Vert nous oblige à tout organiser d’ici pour la grande traversée, de prévoir une autonomie totale en eau, bouffe, gaz et électricité pour le temps supplémentaire de passage au cap Vert et, surtout, d’accepter l’idée qu’on ne périra pas là-bas (tourista, vol, pénurie, vents très violents, courants de folie, pas de Carrouf, pas de marina et plein de Noirs !) Pour la première fois, l’escale à venir nous fait moins rêver qu’elle nous inquiète. Pour la première fois, on part contents mais… à reculons. Et puis, première belle surprise, cette traversée se passe à merveille. C’est pas la croisière s’amuse, mais ça y ressemble presque. Le patch collé derrière l’oreille droite de Catherine et les petits médicaments homéopathiques distillés aux enfants font des miracles. Un ou deux vomis pour la forme (Corentin et Pablo tiennent à leur réputation), mais pas plus. Il faut dire que les alizés sont au rendez-vous : nous marchons vent arrière poussés par d’immenses vagues sur lesquelles surfent le bateau comme sur un tapis roulant. Rien de brusque dans ce mouvement où le voilier et la mer vivent (enfin) une harmonie parfaite, très belle.


Et puis on s’organise : dans ces journées si longues où le bleu succède au bleu, puis le noir au noir, il faut trouver un rythme. Faire comme si la vie continuait normalement. Donc on déjeune, on s’habille, on se débarbouille, on se douche même… Vers 11 heures, petit cours de gym à l’avant du bateau (le simple fait d’y accéder est en soi une expérience abdominale forte), pêche (euh…), navigation au sextant (euh….), déjeuner, sieste, atelier nœud avec Corentin en maître de stage, etc. Les enfants arrivent même un jour à regarder un DVD. On met Charles Trenet (Douce France) en jouant au domino. On fait le pain et une pizza délicieuse. Le soir, on regarde le plancton illuminer la mer. C’est merveilleux. Et puis, c’est l’arrivée des premiers poissons volants qui atterrissent sur le pont comme un gag, ou, comme un cauchemar, c’est selon, quand, en plein quart de nuit, en plein polard, l’un de ses trucs gluants vous atterrit dans le cou sans prévenir. Effet garanti !


Bon, les poissons volants finissent à la poèle et avec eux, une magnifique dorade choryphène qui salue des heures d’effort et de patience au dernier jour de cette mini-transat. L’île de Sao Nicolau se dessine dans la nuit. Mais une arrivée nocturne est exclue. Et puis on est bien, là, tous les cinq. Alors on appuie à fond sur les freins. Arrivée prévue demain à 8 heures dans le petit port de Tarrafal.

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